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Étap’ADO c’est du sur-mesure

Tout adulte qui connaît un ado en difficulté peut nous l’adresser. Ils peuvent débouler de 9 heures à 20 heures sans rendez-vous, 7 jours sur 7.

Nous ne leur demandons pas de s’adapter à des logiques institutionnelles. Ils ont entre 13 et 17 ans : nous nous adaptons à eux. Nous faisons même du sur-mesure. L’ado reste une demi-heure ou trois jours. Il revient quand il veut. C’est lui qui donne le tempo et nous faisons avec. C’est étonnant de parler d’innovation en parlant d’adaptation au public et pourtant c’est ça.
Quand un ado vient chez nous, c’est qu’il n’en peut plus, c’est qu’il lui est impossible de penser tellement il est débordé par des émotions : colère, tristesse, déprime, état suicidaire. Sa pensée est figée. Nous lui demandons ce qui l’amène. Quelquefois, il ne sait dire que « Je ne veux pas rentrer chez moi  », c’est tout. Nous lui présentons ce qu’il va trouver ici, dans ce lieu. Nous entendons ce qu’il peut dire. Les différents lieux dont nous disposons vont servir l’accompagnement mis en place.

Les techniques habituelles de prise en charge éducative sont souvent basées sur l’entretien, dans un face à face. Ici, au contraire nous mettons en place différents espaces d’expression artistique et corporelle pour libérer la pensée, l’imaginaire, la parole.

Le jour où le gamin déboule, il faut qu’en peu de temps il ait envie de rester. Et qu’il se mette au boulot, se remette en question, accepte d’aller voir la psychomotricienne pour apprendre à respirer, qu’il accepte de se livrer à travers un collage, un écrit.

Ici, c’est d’abord un lieu pour les jeunes. S’il ne reste pas la nuit, il n’y a aucune obligation de voir les parents. S’il reste, cela ne signifie pas que nous le mettons à l’abri, ou qu’il s’agit d’une situation d’urgence. Pour nous la nuit permet de continuer un travail sur la distanciation. Il se passe des choses complètement différentes de la journée. La nuit c’est le temps de l’angoisse, de la culpabilité mais aussi de la révélation, de la décision. S’il ne veut pas rentrer chez lui, on appelle les parents pour leur demander leur consentement : « Votre gamin est chez nous. Ça ne va pas bien. On a bien compris que c’était compliqué. Ça doit l’être pour vous. On vient vous donner un coup de main.  » Les parents sont là le lendemain. La majorité d’entre eux sont en plein désarroi, débordés, parfois ils ont mis leur enfant à la porte. À partir du moment où on remet du sens, de la parole, on lève des malentendus.

Une fois tout ça remis dans l’ordre, les parents et les enfants n’ont qu’une envie, c’est de se retrouver. Lorsqu’un gamin reste chez nous le week-end, je ne vous raconte pas le week-end. Tout le monde est épuisé. C’est un engagement de chaque instant autant pour les jeunes que pour les professionnels. C’est du 24/24.

Sophie Modier
Directrice d’étap’ADO

Un article réalisé par le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis (Magazine n°45)

Mise en ligne le mardi 8 septembre 2015
Modifiée le mardi 8 septembre 2015