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Trouville et coquillage à la perle avec le SAUO

Nous sommes un petit groupe constitué de sept adolescents du SAUO de La Courneuve et de deux éducateurs.

Le 16 février dernier, premier lundi des vacances, nous partons pour Trouville, sur la côte normande. Il n’y fait certes pas très chaud à cette période de l’année mais s’oxygéner et rompre un moment avec le cadre quotidien s’annonce heureux et régénérant.

Une fois la glacière chargée et les jeunes installés, le Trafic démarre, Samir à son volant. Nous n’avons plus qu’à passer prendre R. et J., accueillies dans une famille relai à Villemomble. L’impatience d’arriver, de "voir la mer" se fait déjà sentir. La musique qui sort du téléphone de D. donne à patienter.
La plage des Roches Noires nous attend. Le ciel est gris et l’air frais, mais à peine sorti du véhicule chacun s’engage vers la mer retirée.
I., qui avait demandé des médicaments contre le mal des transports et manifestait une légère angoisse à l’idée de partir "un peu loin", le visage bien emmitouflé dans sa capuche, ouvre grand les yeux, sourit.

G., pour qui c’est la première fois, avance à petits pas, demande ce qui craque sous ses pieds. Elle découvre les coquillages, observe qu’il n’y a pas de bêtes dedans, et commence une collection. Elle rentrera la poche pleine à craquer, puis créera les jours suivants le joli petit "objet à la perle" que vous voyez en photo.

C’est sûrement le fait de ne pas avoir verrouillé la journée d’activités, qui a permis à chacun d’investir assez intimement cette sortie, selon sa propre temporalité. Cette balade des Roches Noires au centre de Trouville, sur le sable, en groupe et/ou solitaire, a permis une forme de lâcher prise, une détente qui se lisait dans les corps. Et après des dessins sur le sable, le face à face avec les vagues, des courses, des photos, la faim s’est faite entendre !

Dans le petit restaurant choisi, après une sérieuse lecture de la carte, travaillait un serveur plein d’humour qui a presque co-animé le repas. Dès l’entrée, S. nous a fait beaucoup rire à cause de sa commande de "boulots", coquillages qu’elle n’avait ni vus ni goûtés auparavant. Ensuite, c’est dans mon assiette qu’elle a testé des moules marinières, regrettant d’avoir choisi le steak frites.

Après le déjeuner, face au restaurant nous avons trouvé une petite boutique où nous avons acheté un ballon. De retour sur la plage, aïe, aïe, ça tirait dur pour les éducateurs qui décidément avaient moins de souffle que les jeunes... Les filles n’ont pas démérité et ont même surpris les garçons par leur ténacité et habilité.
Quand il a commencé à pleuvoir, nous nous sommes remis en chemin vers Les Roches Noires – où Proust, l’écrivain, passait ses vacances enfant ; où Marguerite Duras, autre grande auteure française, a rédigé une grande partie de son œuvre. Is., un jeune qui écrit beaucoup et souhaiterait publier, sera passé par là…
Le goûter à Honfleur marquera la fin de ce moment sensible et émouvant en Normandie.

La route du retour se fera dans le calme. La voix d’I. rythmera le trajet. Poursuivant son apprentissage du français, il lira à voix haute les pancartes, avec de plus en plus d’assurance.

Récit d’une éducatrice au SAUO

Mise en ligne le jeudi 2 avril 2015
Modifiée le jeudi 2 avril 2015