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AEMO d’Épinay, au service des femmes isolées...

Crée par Maïté ANDREOLLA, ancienne directrice de l’AEMO NORD, le « groupe femmes » existe depuis 2 ans sur le site d’Épinay. Il est encadré par Marie-Laure SINZELET, éducatrice technique et Cécile TIEVANT, éducatrice spécialisée.

« Au début, mobiliser ces femmes à venir dans les groupes, était très difficile, elles venaient très en retard, parfois il fallait les chercher et les raccompagner chez elles pour les rassurer... Cette année, elles viennent d’elles-mêmes, nous ne sommes plus obligées d’aller les récupérer à la maison » explique Marie-Laure SINZELET. C’est un espace de créativité qui permet de rompre l’isolement.

Il a lieu 2 jeudi après-midi par mois, hors vacances scolaires.

La plupart du temps, ce sont les mêmes femmes, dont leurs enfants bénéficient d’une mesure éducative, qui participent à ces groupes, elles sont environ 8.
« Il y a différents profils, certaines peuvent être très coquettes alors que d’autres sont plus réservées et se cachent. C’est très riche, chacune a sa petite anecdote et cela se passe dans la bonne humeur ».
L’une d’entre elles continue de participer à ces ateliers, la mesure éducative terminée, pour rassurer et expliquer son parcours aux nouvelles arrivantes.

photo sauvegarde 93 ADSEA
Le groupe des femmes a appris à faire une galette des rois « maison ».

Lors de ces moments, la mesure éducative n’a que très peu de place dans les dialogues, il ne faut pas être dans le cadre judiciaire. « Quelques fois, l’une d’elle peut parler de ce qu’il s’est passé à la maison, nous en faisons un rapport avec leur référent qui pourra ajuster sa mesure éducative. Elles sont contentes qu’on le dise car elles n’osent pas tout raconter lors de leur entrevue avec le travailleur social  » conclut Marie-Laure SINZELET.

Ce groupe est complémentaire de l’AEMO, il sert de tiers qui peut fluidifier ensuite les échanges avec le référent ou lui permettre d’aborder un point particulier.
De plus, il offre aux collègues, un outil de travail supplémentaire dans l’exercice des mesures.

L’image de soi pourrait être un futur projet pour ce groupe qui rencontre beaucoup de succès auprès de femmes ravies de revenir.

photo sauvegarde 93 ADSEA
Des mères qui apprécient cet espace d’échanges.

Les témoignages des femmes…

Que vous apporte de groupe de femmes ?

Cela nous change d’habitude, on ne reste pas devant la télé.
On découvre d’autres personnes, des personnes… assez sympathiques (rires), nous créons des liens et nous vivons dans la convivialité.

Pour ma part, ça me permet aussi de sortir, de penser à autre chose, surtout en ce moment car ça ne va pas bien dans ma tête.

Nous ne sommes pas que des mères, nous sommes aussi des femmes !

Venir au « groupe femmes », ça permet de s’oxygéner la tête et de retrouver ses enfants dans de meilleures conditions après.

Vous souvenez-vous de la première fois où vous êtes venues ?

Au début, ça fait peur, on ne connaît pas, on appréhende de venir, il faut faire le premier pas.

J’avais du mal à parler, je me souviens que le groupe était à Saint-Ouen. J’avais peur à cause d’un traumatisme que j’ai subi. Chez moi, je fermais tout le temps les volets même mon éducatrice me disait de les ouvrir quand elle venait à domicile… Depuis que je viens ici, ça va mieux, je suis plus à l’aise, d’ailleurs j’ouvre même la fenêtre chez moi (…). Il ne faut pas que s’arrête le groupe femmes !

N’y a-t-il pas des groupes similaires proposés dans vos quartiers ?

Si bien sûr ! Mais nous n’y allons pas car il y a vite des ragots, on parle sur vous, on rapporte des propos que vous n’avez même pas dit (…), cela m’est déjà arrivé.
Lorsqu’on est de culture musulmane, on est souvent jugé si on porte le foulard. Des petits groupes de femmes ne nous parlent même pas. Dans la cité, on s’attache aux apparences et on te juge.

Avez-vous des amies à qui vous pouvez vous confier si ça ne va pas, avec qui sortir ?

Avec les réseaux sociaux, internet, les relations ont changé. On reste beaucoup plus chez soi, on sort moins donc on rencontre moins les autres, on va moins vers eux. Et dans la cité, ça parle beaucoup, il faut faire attention.

La plupart des femmes rencontrées sont juste des connaissances, on se dit bonjour à l’école lorsqu’on emmène les enfants, on discute rapidement. Mais elles ne vont pas chez moi et inversement. Une vraie amie, c’est rare.

Mise en ligne le mercredi 14 mai 2014
Modifiée le mercredi 14 mai 2014